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You want it darker

Il voulait retrouver cette citation. Les mots, ils ne les voyaient pourtant que trop bien. Au gris du crayon à papier sur le jaune des pages de son carnet.  Il forçait sur sa mémoire, faisait travailler ses souvenirs à s’en chopper des courbatures aux neurones.

« Le jour à des atours que… » Non et encore non.

C’est bien lui qui avait écrit ces mots mais le carnet et le crayon avaient disparu. Volés violemment par de vicieux voyous aux visages voilés. Ah ça pour les allitérations y avait du monde mais pour remettre le doigt sur cette phrase, personne. 

« Le crépuscule a des fistules… » Presque

Toujours pas. Les mots ne revenaient pas. C’est par une nuit pas si noire que ça que le hasard avait frappé. Un peu trop fort. Peut-être qu’il aurait dû prendre à gauche après le rond-point ou reboire une bière avant de partir. Mais ces gens-là n’ont cure des « peut-être » et des « si ». Ils étaient arrivés en voiture, cagoulés, et étaient repartis deux trois coups plus tard avec son sac et son téléphone. Il avait continué sa route, pas sûr de la réalité des événements, pas encore conscient de leurs conséquences. Le sang coulait sur sa veste en jean noire.  

« Le zénith est une pépite…. » Pas du tout.

Il avait réalisé bien plus tard que dans ce sac, il y avait sa médiathèque intérieure. Ho bien sûr, il connaissait le concept de bibliothèque intérieure. Les livres qu’on a lus, feuilletés ou dont on a même juste entendu parler bien rangés sur des étagères imaginaires. Mais depuis cette nuit c’est tous ses rayons qui vacillaient comme dans un mauvais film d’horreur. Livres, musiques, photos. Tout tremblait.

«  Le soleil fait des merveilles…. »Encore moins.

Le livre qu’il lisait envolé. Ses écrits dans son carnet évaporés. Les photos dans le téléphone disparues. La playlist qu’il écoutait connoté à la merde. Un pillage en règle, son sac de Constantinople. Leonard Cohen qui résonnait dans ses oreilles à ce moment-là n’aura plus jamais la même voix.

«  Les étoiles posent un voile… »    Sérieusement ?

On avait aussi piqué ses pronoms possessifs. Le « ma » accolé à « ville » n’avait plus lieux d’être. Les rues appartenaient à d’autres. La nuit avait maintenant une sale gueule.

« … »

« … »  

« La lumière des lampadaires a un charme que l’aurore ignore » Oui !

Les histoires que raconte ce butin leurs briseront les reins.